Etats-Unis: la sonde Phoenix va chercher la vie dans le permafrost martien
Phoenix, la dernière sonde martienne américaine, est fin prête pour un lancement début août afin d'étudier pour la première fois le permafrost de la planète Rouge et y détecter dans ses plaines arctiques de possibles formes de vie passées et présentes.
"Notre stratégie de recherche de l'eau sur Mars a donné lieu à une série de découvertes extraordinaires ces dernières années sur l'histoire hydrographique de cette planète", a expliqué lundi Doug McCuistion, le directeur du programme d'exploration de Mars à la Nasa.
"Phoenix va compléter notre stratégie d'exploration martienne en tentant pour la première fois de toucher et d'analyser l'eau de Mars sous forme de glace dans le sol", a-t-il ajouté lors d'une présentation à la presse.
Les scientifiques sont désormais d'accord pour dire que Mars, dont la formation date comme la Terre de quelque 4,6 milliards d'années, a été très humide à un moment donné de son histoire avec un vaste océan.
L'orbiteur américain Mars Odyssey avait aussi trouvé des signes en 2002 appuyant la théorie selon laquelle de vastes étendues de Mars, y compris ses plaines arctiques, contiennent de l'eau gelée à moins d'un mètre de profondeur.
Deux autres robots américains, Rover et Spirit, qui continuent depuis plus de deux ans à explorer la surface de Mars, ont aussi trouvé ailleurs des indices de la présence d'eau dans le passé.
"Phoenix a été conçu pour examiner l'histoire de la glace du permafrost en mesurant comment l'eau liquide a modifié la chimie et la minéralogie du sol", a expliqué Peter Smith de l'université d'Arizona (sud-ouest), un des scientifiques contribuant à ce projet.
"En outre, nos instruments peuvent évaluer si l'environnement polaire martien est une zone habitable pour des microbes primitifs", a-t-il poursuivi.
Avec ses deux antennes solaires déployées, Phoenix mesure 5 mètres de largeur sur 1,52 mètre de longueur.
Il dispose d'un bras robotique de 2,34 mètres de long qui creusera dans le sol pour atteindre la couche de glace qui, selon les scientifiques, est à une dizaine de centimètres de profondeur.
Une caméra et une sonde attachées au bras examineront le sol et la glace s'y trouvant.
Le bras prélèvera des échantillons avec deux instruments dont un chauffant pour détecter toute substance volatile comme l'eau et des substances chimiques à base de carbone qui sont des éléments essentiels de la vie.
Phoenix aura aussi une station météorologique avec un laser mesurant l'eau et la poussière en suspension dans l'atmosphère. Ces instruments suivront la météo durant les trois mois de cette mission.
Mais "se poser sur Mars est difficile", a rappelé, Barry Goldstein, responsable du projet Phoenix au "Jet Propulsion Laboratory" de la Nasa en Californie (ouest).
Le taux de réussite est de 50% sur les 14 missions (russes, américaines, japonaise et européenne) lancées depuis 1988.
La Nasa a repéré un site d'atterrissage plat, sans rocher. Phoenix devrait accomplir sa mission avec des températures variant de moins 73 à moins 33 degrés Celsius.
Comme les vaisseaux précédents, Phoenix utilisera un bouclier thermique pour freiner sa vitesse de rentrée dans l'atmosphère martienne et déploiera ensuite un parachute supersonique pour ralentir sa vitesse à 210 km/heure.
Puis la sonde allumera des rétro-fusées lui permettant de se poser en douceur sur ses trois pieds.
La lancement est prévu le 3 août, ouverture d'une fenêtre de tir de 21 jours, par une fusée Delta 2 depuis la base de Cap Canaveral en Floride (sud est). L'arrivée sur Mars est prévue en mai 2008 après un voyage de 680 millions de kilomètres